Ce vendredi 11 novembre, nous célébrerons à nouveau l'Armistice de 1918, qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale. Sur le territoire belge, ce conflit aura notamment eu pour champ de bataille le front de l'Yser. La "Grande Guerre", comme on a fini par l'appeler, aura marqué durablement l'histoire par sa nature : elle fut totale, mondiale et industrielle. Une guerre caractérisée également par l'enfer des tranchées qu'ont vécu les soldats mobilisés en masse parmi la population. Et le nombre de victimes du conflit est conséquent : près de 10 millions de morts et environ 8 millions d'invalides.
Célébrer les héros
Aujourd'hui encore, certains passionnés de la Grande Histoire, et particulièrement de la Première Guerre mondiale, veulent faire revivre le destin des héros de cet épisode dramatique de l'histoire de l'humanité.
Ghislain Castrique est l'un d'entre eux. A Ploegsteert, cet ancien agriculteur à la retraite consacre à présent le plus clair de ses journées à collecter des témoignages de ce passé. La table de sa salle à manger fait office à présent, et exclusivement, de bureau de recherches :
"Voilà la famille Castrique. Donc voilà le début des recherches, des recherches, toujours la descendance, encore et toujours, et toujours aller dans les mairies chercher les actes pour ne pas raconter des mensonges."
Ghislain est très attaché à son village de Ploegsteert. Et sa passion pour cette période tourmentée de l'époque contemporaine l'amène à se pencher sur un épisode en particulier : l'incroyable histoire des cinq frères Pétillon. Cinq jeunes hommes dans les tranchées… Ghislain nous montre une seule photo retrouvée de la fratrie, après des dizaines de lettres manuscrites envoyées comme autant de bouteilles à la mer :
"Ça n'arrivera jamais plus avec les guerres modernes. Cinq fils à la guerre et ils se sont tous retrouvés dans les boyaux de la mort à Dixmude, sous le commandement du roi chevalier, Sa Majesté Albert Iᵉʳ, et ils portent tous la moustache !"
Sans relâche, il cherche leur "histoire d'après" : "Ils sont tous revenus vivants. Tous les cinq, ça c'est un miracle !"
Et en effet, les parents Pétillon ont considéré cette chance inouïe de retrouver leurs cinq fils vivants à l'issue de la guerre comme un véritable miracle. Ils font même construire une chapelle en action de grâce, un monument toujours debout aujourd'hui.
Winston Churchill was here
La famille Pétillon habitait ici, dans cette ferme des Bouleaux, à Ploegsteert. À l'arrière du front, hors de portée des canons allemands.
C'est là que Winston Churchill était logé en 1916 ! Ghislain nous raconte une anecdote issue de cette improbable rencontre : "C'est un peureux. Churchill, il avait peur et il paraît, d'après Julien, le plus jeune des cinq frères, qu'il avait les "pépettes". Dès qu'il entendait du bruit, il demandait à son écuyer de ramener son cheval. Et il montait sur son cheval et il partait à Dieppe. Parce que là, il était certain qu'il n'y avait pas un obus allemand qui savait arriver jusque-là."
C'est donc dans cette ferme qu'une amitié solide s'est nouée. Des années plus tard, après une deuxième guerre mondiale, en 1948, Winston Churchill écrit à la famille Pétillon en français à l'occasion du mariage d'un fils, dont voici un extrait :
"Une compagne pour le meilleur et pour le pire, comme nous disons ici en Angleterre. Votre lettre m'a fait remémorer Ploegsteert et les environs avec un réel plaisir. Mon souvenir, Winston Churchill."